L’univers des chemins de fer en textes et en images, de jour ou de nuit, vu du sol ou depuis les airs

Un voyage en TER

La photographie est, souvent, une question d’instinct teintée d’un peu de chance. Elle demande aussi un travail constant : aller à des expositions, découvrir l’œil d’autres auteurs et, tout simplement, prendre des photos ! Régulièrement, je pratique des sortes « d’exercices imposés » qui ont pour but d’aiguiser mon regard et explorer ma créativité. Je sors alors de ma routine et de mes habitudes ce qui me donne l’occasion de faire le point sur ma démarche et mes ressentis.

La sélection que je vous propose aujourd’hui est le fruit d’un de ces épisodes créatifs. J’ai profité d’une ballade à Metz pour faire une série d’images des deux voyages en TER qui m’y ont mené. J’étais équipé du Sony A7iii chaussé d’un objectif Minolta de 50 mm de focale (f1.4). De ce voyage, j’ai ramené un peu plus de 130 vues. Après une première sélection, il en restait une cinquantaine pour finalement partager avec vous un essai photographique d’une quinzaine d’images.

Un ressenti mitigé

Ma première impression a été plutôt positive. J’ai su retranscrire mes ressentis ainsi que mes observations : les passagers, le mouvement, autant « d’instantanés » que l’on se surprend à découvrir lors d’un voyage en train. Le flou filé ci-dessus, par exemple, est mon interprétation des persistances rétiniennes d’un moment fugace qui surviennent au moment où on regarde par la fenêtre d’un train lancé à pleine vitesse.

j’ai une sorte de vertige, une panique, semblable à une chute dans un trou sans fond

Après quelques heures, je revisite cette série et là j’ai une sorte de vertige, une panique, semblable à une chute dans un trou sans fond. J’ai l’impression de « vendre » des photos floues, sans consistance, tout simplement ratées, aux personnes qui le suivent ou me lisent. Le syndrome de l’imposteur est réel ! Cette collection est moins nette que d’habitude, plus « organique », inhabituelle. Si on me demandait la différence entre ce que j’ai fait et une image « au hasard », j’aurais du mal à l’expliquer, à le justifier.

De la photographie organique

En examinant les images, je ne ressens pas une réelle impression de beauté, contrairement à celles où je capture une vue depuis la cabine au coucher du soleil ou un paysage typique de carte postale. Je dois avouer que je me sens quelque peu désorienté par ce genre de photo. Certaines me plaisent, mais je trouve difficile de les qualifier de « jolies » selon les normes conventionnelles de la photographie ferroviaire.

En ce qui concerne l’aspect technique de ces clichés, ils ont été pris à l’aide d’une focale fixe, un objectif de 50 mm. Je dois admettre que cet objectif n’est pas particulièrement exceptionnel d’un point de vue optique. Parfois, je l’utilise même à pleine ouverture, une zone où les défauts sont plus visibles. Cependant, j’apprécie l’effet brut et mat que cela confère aux images.

Quant aux sujets que j’ai choisi de photographier, ma démarche a été essentiellement instinctive. J’observe une scène, je la ressens. Une idée germe alors en moi : « Il y a quelque chose à capturer ici. » Il peut s’agir d’un reflet, d’un regard ou encore d’une simple impression. J’essaie ensuite de donner forme à cette idée sans trop me préoccuper de la qualité technique.

Permettez-moi de vous raconter une petite anecdote : ma vue de près s’est récemment dégradée. Comme je ne porte pas toujours mes lunettes, l’écran de mon appareil photo m’apparaît flou. Je me fie alors au « peaking », une fonction d’aide visuelle offerte par mon boîtier, pour régler la mise au point avec précision.

À travers cette démarche naît la « photographie organique ». Elle privilégie l’instinct et la simplicité sur la quête de beauté conventionnelle. Les images capturées deviennent authentiques et brutes, transcendant les normes traditionnelles. Cette approche saisit l’essence de chaque instant.

Un nouvel horizon créatif

En dépit de mes doutes, je me rends compte que c’est dans ces moments de vulnérabilité artistique que je dépasse mes limites créatives. Cette série de photos, bien qu’elle soit différente de mes travaux habituels, capture une certaine intimité de la réalité du voyage en train. Elle révèle l’émotion brute et fugace de ces instants.

La créativité n’est pas toujours un chemin linéaire, mais plutôt un sentier sinueux fait d’échecs retentissants et de découvertes imprévues. Peut-être que ces images, avec leur côté organique et grossier, sont une manière de saisir l’essence même de mon trajet en TER, où chaque moment est éphémère et unique ? Mon instinct m’a guidé vers un territoire photographique inconnu, et même si cela peut sembler inconfortable au début, c’est peut-être là que je trouverai des sources d’inspiration.

je me rends compte que c’est dans ces moments de vulnérabilité artistique que je dépasse mes limites créatives

Alors, plutôt que de m’attarder sur la comparaison avec mes réalisations antérieures, je vais recevoir cette expérience comme une opportunité d’exploration et d’enrichissement. Chaque cliché flou, chaque moment enregistré d’une façon moins conventionnelle, raconte une histoire différente et authentique. Et qui sait, peut-être que cette série suscitera des discussions et des réflexions inattendues chez ceux qui le voient, offrant ainsi un nouvel éclairage sur la manière de représenter l’univers ferroviaire au travers de la photographie.

Je vous invite à découvrir cette collection avec un regard ouvert, sans préjugés, et à peut-être ressentir l’instantanéité du voyage en train, tout comme moi je l’ai ressentie en les capturant.

Utilisation des clichés de cet article

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