L’univers des chemins de fer en textes et en images, de jour ou de nuit, vu du sol ou depuis les airs

Sur le chemin de la créativité

(texte publié pour la première fois en octobre 2017)

Parmi les expressions utilisées dans la vie de tous les jours, j’aime particulièrement celle-ci : « tout est une question de point de vue ». La démarche photographique n’échappe pas à cette remarque. Parfois, une simple explication permet de comprendre la vision de l’auteur et changer le regard porté sur une image.

Wedgie ou Artsy ?

Mes travaux se partagent en deux grandes catégories. Il y a ceux qui sont « léchés », avec une recherche d’un cadrage idéal (parfait ?). Ce sont des photos où la technique est prépondérante, où le piqué et la netteté sont importants. Elles sont généralement prises au soleil, dans un paysage agréable. Ce sont celles qui ont le plus de succès en ce qui concerne les « like » sur Facebook, Flickr ou Instagram. Elles correspondent à la définition nord-américaine de « wedgies ».

Et puis, il y a les images où je décide d’être plus inventif. Outre-Atlantique, ce style de cliché a aussi une dénomination particulière : « artsy ». Mais je n’aime pas trop la notion artistique qu’elle implique. En effet, je ne me considère pas un artiste, mais plutôt un individu qui cherche à pousser ses limites créatives. J’explore des ressentis au travers de la photographie, sur le thème du ferroviaire qui plus est. Les images alors produites sont celles qui me « parlent ». Elles évoquent des sujets qui me font vibrer.

L’ennui est qu’elles sont parfois (souvent) assez hermétiques et par conséquent rencontrent peu de succès lorsque partagées sur les réseaux sociaux ou même sur ce site.

La preuve par l’exemple

Le cliché ci-dessus fait partie de cette catégorie « hermétique ». La photographie a été faite de nuit, en utilisant une très haute sensibilité (5000ISO) qui génère du bruit. Ce dernier est renforcé par le traitement monochrome contrasté que j’ai appliqué ensuite. Si vous regardez de plus près cette vue noir et blanc, vous constaterez qu’elle est même un peu floue. Elle est « organique », un concept qui m’est propre et que je présenterai dans le futur sur ce blogue.

Nous sommes loin des photos de nuit prises au flash que je pratique depuis 2016. Avec ce cliché, nous sommes dans le monde des rêves et les repères s’effacent. Les agents de conduite qui œuvrent aux heures où la plupart dorment, au cœur de la nuit, connaissent cette sensation particulière. Lors de la parution sur ma Page Facebook, un commentaire de Benoit a été dans ce sens : « ça me rappelle le dernier passage de train avant d’obtenir la fermeture de voie pour travaux ».

Comme une ombre dans la nuit

La publication Facebook que je viens de mentionner m’a surpris par les nombreux commentaires reçus. Parmi ceux-ci, je reproduis ici celui de Paul, qui résume assez bien ce qui sous-tend ce genre de création.

J’avoue que les Artsy comme tu les appelles ne rencontrent pas souvent de succès auprès des « spectateurs » comme les photos conventionnelles, mais pour moi cela reste quelque chose de plus beau, plus vivant. Une photo conventionnelle presque n’importe qui peut la réaliser, alors qu’une photo artistique c’est un travail poussé, recherché qui est donc produit, et des fois même le hasard peut prendre le dessus sur le résultat. – Paul

Malgré l’intérêt restreint de ce genre d’image, je continue à en faire, car ce sont elles qui nourrissent véritablement la machine créative en moi. Toutes ces photographies sont des fichiers que j’emmagasine et qui serviront à de futures prises de vue. C’est un moyen d’alimenter mon « instinct de photographe » qui m’est utile pour d’autres sujets que ceux touchant le ferroviaire (comme la photo de voyage par exemple).

Quelques mots du photographe de 2023

J’ai écrit ce texte en 2017 et il me permet de mesurer le chemin fait depuis. Aujourd’hui, le mot « artistique » ne me dérange plus. Au contraire, je l’embrasse pleinement et revendique un regard original sur la question ferroviaire. En France, une certaine catégorie sociale s’accapare le nom d’artiste. Il sous-entend des études plus ou moins poussées en la matière ainsi qu’une cooptation d’un milieu très fermé.

Vous comprendrez alors mon rejet du terme « artistique » dans le texte de 2017. J’ai depuis eu la chance d’échanger avec une personne qui possède tout ces critères officiels. Elle m’a démontré que ma démarche créative (telle que décrit dans le billet de 2017) répondait à la définition d’artiste. Je remercie Isabelle Gagné pour ces échanges déterminants dans mon acceptation de ce vocabulaire.

Les clichés du genre « wedgie » se font plus rares et mon compte Flickr n’est plus alimenté de façon régulière. J’éprouve un sentiment de redondance et d’ennui en regardant de longues séries d’images de trains prises en plein soleil. La répétition, voilà la principale cause qui explique ma réticence à retravailler avec un drone ou faire des photos nocturnes au flash.

La photo « organique » me passionne toujours autant. Je n’ai pas (encore) réussi à trouver les mots justes pour présenter cette approche très personnelle. Espérons que vous n’ayez pas à attendre six années supplémentaires pour le faire !

Utilisation des clichés de cet article

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