L’univers des chemins de fer en textes et en images, de jour ou de nuit, vu du sol ou depuis les airs

Un succès inattendu

Je publie régulièrement des photographies, récentes ou plus anciennes, sur les réseaux sociaux. Plusieurs fois par semaine, par exemple, je partage un cliché sur mon compte Twitter. J’essaye de varier les styles. Je profite de l’attrait des vues plus « vintages » pour montrer des approches moins classiques (gros plans, vues monochromes…) Au début de cette semaine, l’image présentée a eu un succès assez inattendu, malgré le cadrage et le sujet évoqué.

Le contexte du cliché

J’ai pris cette photographie le 9 mai 2007, dans la zone banlieue de la gare de Paris-Nord. Je terminais une décade de travail commencée le week-end précédent. J’étais équipé d’un appareil de marque Konica-Minolta, le 7D, le premier en ma possession qui me permettait de faire des RAW.

Après m’être présenté à la feuille à ma prise de service, je me suis rendu à la voie 33. J’y ai relevé une unité multiple (UM) d’automotrices Z20500 à quatre caisses. Elles venaient d’arriver des ateliers situés aux Joncherolles. J’affectionnais particulièrement cette journée de travail qui « passait relativement bien ». J’allais garder cette UM pendant toute la matinée. Ce dernier consistait en un voyage à vide jusqu’à la ville de Luzarches suivi d’une navette depuis cette ville jusqu’à Monsoult-Maffliers. Je terminais avec un « tour semi -direct » entre Paris et Monsoult. L’intérêt était dans la variété des missions et une fin de service qui me permettait de rentrer à Nancy à bord de l’Eurocity Mozart pour midi.

Un succès inattendu

Comme je le disais en introduction, cette image a connu un certain succès (à l’échelle de mon modeste compte) : une centaine de « like » ainsi qu’une dizaine de commentaires. J’avoue avoir été surpris de cet intérêt, car je ne considère pas ce cliché particulièrement réussi. En effet, le cadrage n’est pas extraordinaire. Seul le corps du train est visible et l’identification exacte du matériel est difficile, autant de critères qui empêchent cette publication de se voir attribuer le titre de « photo classique ». D’autre part, je n’ai pas cherché à donner un caractère artistique à mon travail. Régulièrement, mon « intuition » est mauvaise : un cliché que j’apprécie beaucoup fait un flop et un autre que je trouvais moyen a un écho non négligeable auprès des lectrices et des lecteurs.

Les choses qui semblent terriblement banales aujourd’hui deviendront remarquables dans plusieurs années.

Ici, l’ambiance rétro semble avoir attiré la sympathie : la livrée du train, l’affichage et la propreté du quai. Quatorze années se sont écoulées depuis la prise de vue et l’aspect de la gare a énormément changé. Les quais ont été rehaussés pour s’accommoder des nouvelles rames Z50000 et permettre l’accès aux personnes à mobilité réduite. Les informations se retrouvent sur des écrans de type moniteurs d’ordinateurs. Fini le bruit caractéristique des panneaux à palettes !

Cet heureux succès constitue un rappel aux photographes de l’intérêt des « trains de tous les jours ». Les choses qui semblent terriblement banales aujourd’hui deviendront remarquables dans plusieurs années. Croyez-moi si je vous dis que les amateurs étaient peu nombreux à tirer le portrait des trains de banlieue en Z20500 au début des années 2000 ! L’attention était portée, comme toujours, aux séries en fin de vie, thermique et électrique. Alors, ne snobez pas les AGC ou les « trains en plastique » si souvent décriés. Le temps donnera de la valeur à vos travaux.

D’autres souvenirs de cette journée

Il est 5 h 55 et je patiente au carré de la gare de Belloy-Saint-Martin. La section de ligne qui relie Montsoult à Luzarches a la particularité de ne comporter qu’une seule voie. À Belloy, un évitement permet aux convois de se croiser et ainsi augmenter le trafic sur cette antenne. Ici, je viens d’arriver de Paris avec ma rame vide et j’attends le passage du premier train de voyageurs en provenance de Luzarches. La lumière des fanaux éclaire d’une teinte jaune la scène bleutée d’un début de journée pluvieux.

Voilà un cliché plus classique ! Mon unité multiple patiente en gare de Luzarches avant de repartir vers Paris-Nord. L’heure matinale explique l’absence de voyageurs. Au début de ma carrière à la tête des trains de banlieue, cette journée de service était assurée en rame réversible (BB17000 + VB2N). Selon la disponibilité du matériel, il arrivait que des automotrices Z20500 soient affectées à cette tournée. Avant mon départ en Grandes Lignes, ce sont les Z50000 (aussi connues sous les noms de NAT ou Transilien) qui étaient en charge de ces trains.

Vous pouvez ici découvrir une particularité de la gare de Luzarches. Un boîtier, situé en bout de quai, était à actionner par les conducteurs ou les agents de trains une minute avant le départ. L’indication était alors transmise à l’agent-circulation (AC) de Montsoult qui provoquait la fermeture du passage à niveau ainsi que l’ouverture de la signalisation. En effet, la régulation de cette antenne d’une dizaine de kilomètres était du ressort de l’AC de Montsoult. Au moment d’écrire ces lignes (février 2021), c’est toujours le cas, mais, dans un futur proche, ce rôle devrait être révolu à des agents placés dans un poste centralisé localisé à Saint-Denis.

Utilisation des clichés de cet article

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2 réponses

  1. Merci Renaud pour cet article intéressant, et les photos 👍 A cette époque ces Z2N étaient des trains récents (surtout les 20900 avec leurs sièges rouges/mauves et surtout leur clim), maintenant ils sont parmi les plus anciens sur la banlieue mais ce sont mes préférés pour les emprunter régulièrement avec la D et parfois la C… Un jour on regrettera ces matériels 🙂

  2. Bonjour, merci beaucoup pour votre beau travail photographique et textes. Quand on a la générosité de les partager, on oeuvre souvent en se demandant si cela a du sens, si quelqu’un vous lit et apprécie. C’est en tout cas le cas pour moi. Amitiés, Antoine

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