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Mythes sur Rails : L’Héritage affectif des BB12000

Depuis mon enfance en Lorraine, les locomotives BB12000 ont toujours été bien plus que de simples machines pour moi : elles symbolisent une époque révolue et constituent un lien vivant avec mon passé. Dans cet article, je vous invite à découvrir ces géants de fer à travers mon regard. Nous explorerons ensemble leur rôle dans la transformation du réseau ferroviaire français et leur impact indélébile sur ma carrière de photographe ferroviaire. Laissez-vous emporter par mon récit personnel, enrichi d’un album d’une vingtaine d’images originales.

La BB12010 longe un petit canal sous le soleil. Elle est en tête d'un train de marchandise à la composition hétéroclite.
La BB12010 assure la traction d’un « train de lotissement » entre les triages de Blainville et de Woippy. Cette locomotive sera radiée en avril 1999 après 43 années de service et avec plus de 5 millions de kilomètres au compteur !

Des Pionnières de l’Électrification ferroviaire en France

Les BB12000, surnommées « fers à repasser », ont été des actrices clés dans la modernisation du réseau ferroviaire français d’après-guerre. Introduites dans les années 1950, elles ont marqué le début de l’utilisation du courant alternatif monophasé 25 kV-50 Hz, une innovation majeure impulsée par l’ingénieur Louis Armand. Elles ont été créées pour répondre à la pénurie de charbon et à la nécessité d’une électrification efficace. Ces locomotives ont été déployées sur la transversale nord-est (ligne Valenciennes-Thionville) lors de son électrification. Bien que polyvalentes, elles ont surtout servi pour le transport de marchandises, jouant un rôle crucial dans la reconstruction économique et la modernisation de la France. Leur conception remarquable a prolongé leur utilisation jusqu’à la toute fin de 1999.

Quelques données techniques

Système d’Alimentation : Courant alternatif monophasé 25 kV-50 Hz
Cette caractéristique est primordiale, car elle représente l’innovation majeure des BB12000. Le passage au courant alternatif monophasé a marqué un tournant dans l’électrification ferroviaire en France, offrant une meilleure efficacité énergétique et une plus grande fiabilité par rapport aux systèmes antérieurs.
Puissance Continue : 2 470 kW
Vitesse Maximale : 140 ou 120 km/h selon la sous-série
Masse Totale : 83,4 à 85,6 t
Longueur Totale : 15,20 m

Mes Géants de Fer et de Cœur

Né en Lorraine, une zone qui a été au cœur de la reconstruction de la France d’après-guerre, j’ai grandi avec un sentiment profond d’abandon lorsque les usines et les mines ont fermé leurs portes. Ce sentiment trouve un écho dans mon attachement aux locomotives BB12000, ces « fers à repasser » qui, loin des projecteurs, ont joué un rôle crucial dans cet effort industriel. Pour moi, elles symbolisent la résilience et l’ingéniosité de ma région d’origine.

Les BB12000 n’étaient pas des vedettes glamour comme les CC6500, qui brillaient sur les lignes Paris-Côte d’Azur. Elles effectuaient des tâches plus ingrates, mais indispensables, telles que tirer des « trains de cailloux » vers les soudières de Dombasle ou des liaisons dites « du lotissement » entre les différents triages du nord-est du pays. Ces convois étaient vitaux pour l’économie locale et nationale. À travers mon objectif, j’ai capturé l’essence de ces locomotives robustes, travaillant dans l’ombre, mais nécessaires.

Les BB12000 n’étaient pas des vedettes glamour comme les CC6500 [...]. Elles effectuaient des tâches plus ingrates, mais indispensables

Ma carrière de conducteur de train, débutée en 1996, ne m’a jamais permis d’être « au manche » d’une BB12000. Cependant, lors de mon passage en tant que surveillant à l’établissement de Paris La Chapelle, j’ai eu l’occasion de manœuvrer quelques machines venues se perdre dans le dépôt parisien. J’ai peu circulé en cabine. Pendant de ma formation de conducteur, j’ai toutefois effectué un parcours en voyageur nocturne entre Lille-Délivrance et Dunkerque Grande-Synthe. Presque trente ans plus tard, l’ambiance sonore de ces machines, en particulier à l’occasion de la mise en route des ventilateurs ou à l’ouverture du disjoncteur principal, reste vivace dans mes souvenirs.

Ces machines avaient une esthétique unique, presque steampunk, avec une allure de dinosaures mécaniques. Leur puissance se ressentait non seulement visuellement, mais aussi à travers le grondement impressionnant qu’elles émettaient en plein effort. Malheureusement, mes débuts de photographe ferroviaire ont coïncidé avec le déclin de ces formidables locomotives. Mes archives ne contiennent que peu d’images de bonne qualité. Ces quelques clichés, que je partage dans cet article, sont pour moi des trésors.

Trois locomotives stationnent à Blanville alors que la neige recouvre les voies.
La BB12111 stationne par une belle journée d’hiver au grill électrique du dépôt de Blainville en compagnie de la BB25119 et d’une BB26000 non identifiée. La locomotive a déjà perdu son numéro latéral en relief, victime probable d’un vol de « collectionneur ». La 12111 fera partie de l’avant-dernier lot de machines radiées, au début du mois de décembre 1999.

Un récent sondage sur les réseaux sociaux m’a révélé que les générations actuelles ont des références différentes en matière de matériels mythiques. Pourtant, pour moi, les BB12000 restent de véritables icônes. Elles représentent non seulement une époque révolue de l’histoire ferroviaire française, mais aussi une partie intime de mon récit personnel, un lien indélébile avec ma terre natale de Lorraine.

Dans l’œil du Photographe

Cette galerie présente une vingtaine de diapositives scannées, la quasi-totalité de celles en ma possession. Ces images, principalement capturées en Lorraine, ma région natale, sont des fragments de l’histoire de ces machines emblématiques. Elles décrivent non seulement mon lien personnel avec ces locomotives, mais aussi un hommage visuel à l’héritage industriel de ma région de naissance.

Utilisation des clichés de cet article

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2 réponses

  1. Bonjour,
    je partage avec vous ma passion et mon admiration pour ces machines, les 12000, 13000, 14000 et 14100.
    Effectivement elles n’ont quasi jamais eu un honneur que pourtant elles auraient pu avoir, dans le monde des amoureux du chemin de fer; quoique !
    Bravo pour votre florilège de photos qui mettent en valeur cette machine.
    Amicalement.
    PS sauf erreur de ma part je ne me souviens pas que les 12000, 13000 aient été équipées de convertisseurs; il me semble bien que c’était les 14000 et 14100 (les convertisseurs étaient différents).

    1. Merci pour ton commentaire. Il s’agit en effet des ventilateurs et non les convertisseurs. Je corrige ce détail dans le corps de l’article. Encore merci pour le signalement.
      Renaud

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