L’univers des chemins de fer en textes et en images, de jour ou de nuit, vu du sol ou depuis les airs

Mon premier voyage à Bruxelles

J’ai commencé ma carrière à la SNCF en 1996, à l’Antenne Traction de Paris-Nord. Mon statut d’attaché TS m’a permis d’effectuer diverses missions (cellule Matériel-Traction, SUD au dépôt de Paris-Chapelle…) durant quelques mois, le temps d’attendre le début d’une formation à la conduite. Au fil des semaines, un « conseil » m’a été répété : « ne montre pas que tu t’intéresses aux trains, les passionnés ne sont pas bien vus dans la maison ». Malgré tout, j’en profitais discrètement pour glaner quelques informations, en particulier sur les circulations des turbotrains sur la ligne de Cherbourg ou des convois de fret en provenance du Tunnel sous la Manche.

Les choses ont évolué avec un passage dans le bureau du patron, le DET (Directeur d’Établissement). Après avoir exposé le résultat d’une mission, j’ai aperçu le livre de G. P. Wagner, « la SNCF aujourd’hui ». La discussion a alors pris une tournure inattendue et, rapidement, j’ai été captivé par des anecdotes croustillantes. Il y était notamment question de Picasso, circulant entre Épinal et Mirecourt ou Chalindrey et Langres. En fin de compte, je n’étais pas seul au monde !

Direction Bruxelles

Et puis un matin d’avril, j’ai été invité à effectuer un « stage de découverte » du métier de conducteur. Un Cadre Traction accompagnait un de ses agents sur un aller et retour Bruxelles. Le service à grande vitesse Thalys ne débutant qu’au mois de juin, c’est avec un train classique que j’allais voyager vers Bruxelles pour la première fois. La machine qui allait nous servir de monture était la CC40109, une des dernières locomotives quadricourant en service. Elles étaient à bout de souffle, avec seulement deux locos actives sur les dix construites.

N’ayant pas encore été familiarisé au vocabulaire du métier de conducteur, beaucoup d’éléments m’ont échappé pendant cet accompagnement. Il me reste le souvenir d’un engin vivant et racé. Les conditions lumineuses ne m’ont pas permis de réaliser des images de la cabine. La photographie numérique a depuis autorisé de considérables progrès en la matière.

Une fois arrivée à Bruxelles, la machine a manœuvré et s’est mise en tête d’une superbe rame inox en provenance d’Amsterdam. Nous allions conduire le train Eurocity 82, l’Étoile du Nord, jusqu’à son terminus, Paris-Nord. La CC40109 et les voitures TEE PBA formaient un ensemble particulièrement homogène, aux allures de streamliner américain. Et cette rame, le hasard allait me permettre de l’immortaliser. Un incident de signalisation (un signal éteint) à Montescourt, entre Saint-Quentin et Tergnier, a imposé l’arrêt du convoi en pleine courbe. J’en ai profité pour accompagner l’équipe de conduite au pied du carré pour découvrir la procédure de franchissement. En me retournant, j’ai été saisi par le spectacle. La CC40100 dégageait une impressionnante sensation de puissance grâce au dévers de la courbe. J’ai visé et déclenché deux fois.

Vous avez cette vision devant les yeux aujourd’hui. Malheureusement, la diapositive a mal vieilli. Je n’avais aucune connaissance particulière en photo et j’ai de la chance d’avoir cadré convenablement ! Par bonheur, les outils logiciels actuels permettent de corriger les couleurs et d’effacer les défauts du temps (poussières et rayures).

Une réponse

  1. Merci pour ce post et la photo de la rame. Les CC40100 sont mes locos favorites depuis que j’en ai eu une JOUEF au pied du sapin à l’age de 10 ans. Je les ai admiré ensuite jeune étudiant sur les quais de la Gare du Nord quand je rentrais chez moi à Abbeville. Je vais maintenant lui faire coucou quand elle passe à Chantilly-Gouvieux à l’occasion des circulations spéciales de MFPN (CC40110) Et sinon j’aime beaucoup vos photos et votre « ligne éditoriale » . A bientôt sur les ondes twittesques et autres 🙂

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