Je fais le métier de conducteur de train de banlieue depuis plusieurs années déjà. Très tôt, j’ai voulu montrer et partager mon quotidien avec ses particularités, ses contraintes. L’évolution de la technologie m’a permis de réaliser ce souhait en utilisant mon téléphone portable.
Un essai photographique avec Hipstamatic
J’ai réalisé cet essai avec un iPhone et l’application Hipstamatic. L’intérêt de cet outil réside dans la prise de vues instantanées. Cette philosophie s’apparente à celle du Polaroïd. Hipstamatic simule un boîtier avec des parties modifiables (objectifs, films et flashes). En fonction des options, les images produites fluctuent.
Je comprends que cette utilisation soit rejetée par certaines personnes et que certains n’y voient qu’un simple gadget. J’ai décidé de passer outre ces critiques, car le médium est secondaire : la démarche photographique est principale. J’ai étudié diverses variations des paramètres pour trouver celles qui me convenaient le mieux. Une fois sur le terrain, le choix d’un rendu particulier s’impose alors de lui-même.
J’ai entièrement réalisé cet essai avec le film BlacKeys. Cette option permet de générer des vues noir et blanc très contrastées. J’ai aussi utilisé un objectif qui renforce cette apparence très graphique en ajoutant du vignettage.
Portrait d’une routine quotidienne
Cet essai a un but précis : dépeindre le quotidien d’un conducteur de train de banlieue parisienne. J’ai fait cette séquence au début de l’année 2012. Pendant une période fixée à deux jours, j’ai parcouru les lignes B et D du RER. Ici, je n’ai pas cherché à faire un récit chronologique, mais plutôt à produire une série d’instantanés. J’ai capturé des moments furtifs qui se sont présentés au cours de mon service. N’essayez donc pas de découvrir une histoire, mais appréciez cette séquence d’images dans sa globalité.
Le mouvement, la composante principale de mon métier, marque cette collection. Rares sont les instants immobiles. S’il y en a, ils doivent être le plus courts possible. Rien ne doit entraver la machine ferroviaire. Et qui dit machine, dit technologie. Vous retrouverez aussi des détails des appareils qui font fonctionner les circulations en toute sécurité.
L’élément manquant — et ce n’était pas prémédité — est l’humain. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’en tant que conducteur de train, j’ai très peu de contact avec les voyageurs. Pour moi, ils et elles ne sont souvent que des silhouettes qui apparaissent quelques secondes dans mon champ de vision, le temps de traverser une gare. Quant à mes collègues cheminots, les vagues d’économie successives ont eu raison de leur présence en nombre.
Toutes ces vues, moments éparpillés le long de mes journées de travail, forment, vous l’aurez compris, une véritable « photographie » des sensations vécues dans ce métier particulier. C’est ainsi que je vous demande de les apprécier à votre tour.
Cet article a été publié initialement sur mon ancien site internet « Les Trains qui Passent ». Je l’ai cependant dépoussiéré pour la version de 2023.
Utilisation des clichés de cet article
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