Ce voyage s’est déroulé dans un contexte de questionnement par rapport à ma photographie. Au départ, je voulais réaliser des portraits de relations ferroviaires que j’avais repérées. Je voulais m’inspirer du travail de créateurs japonais qui imagent des lignes aux caractéristiques proches. Malheureusement, je n’ai pas pu mener ce projet à bien pour un problème de permis de conduire international qui n’est pas arrivé dans les temps (merci aux compressions de personnel dans la fonction publique française). Et en Corée du Sud, la location d’un véhicule est impossible sans ce document !
Une photographie en gare délicate
J’ai donc voyagé en utilisant divers transports en commun. Photographiquement parlant, je me retrouvais sur un modèle d’images assez « statique ». Et puis rapidement, le deuxième jour de mon arrivée à Séoul, pendant une séance en gare, un cheminot m’a interpellé et m’a fait comprendre que je devais arrêter. J’ai eu droit à plusieurs reprises à des regards et des signes distinctifs m’enjoignant à ranger mon boîtier. Ces difficultés, je les ai rencontrées lorsque j’ai sorti l’appareil photo numérique Sony A7-III (même avec le 35 mm Samyang de petite taille). J’ai quand même réussi à faire des images intéressantes en restant discret ou depuis des lieux dépourvus de personnel. Vous en découvrez quelques-unes avec ce billet et j’en présenterai d’autres dans une publication spécifique.
Curieusement, comme en France, la prise de vue avec un téléphone portable ne pose pas de problème. J’ai donc pu travailler avec mon application favorite Hipstamatic. J’ai réalisé une série sur les gares, des « portraits » des bâtiments j’ai fréquentés ou croisés durant mes déplacements. Cette série s’est accompagnée du recueil des « tampons de gare ». Ils sont très populaires en Asie et en particulier au Japon où chaque arrêt important possède un tampon spécifique avec un dessin particulier. Il existe même des carnets pour les collectionner. En Corée, ce n’est malheureusement pas aussi poussé qu’au Japon. Je devais demander aux guichets ou trouver quelqu’un qui pouvait m’aider à accomplir ma quête. J’ai ainsi pu développer ma pratique du coréen ! J’envisage de vous présenter ce travail sur les gares dans une future publication.
Curieusement, comme en France, la prise de vue avec un téléphone portable ne pose pas de problème.
Ce voyage m’aura surtout permis d’emprunter de nombreux trains régionaux, les Mugunghwa. Ils parcourent les lignes secondaires du pays à une vitesse assez lente. Ils sont plutôt rares et c’est regrettable, car ils offrent une véritable plongée dans les entrailles de la société coréenne. J’ai eu l’occasion de faire quelques films et de les partager sur Instagram. Ces vidéos, je vais essayer d’une façon ou d’une autre de les exploiter et de les publier sur ce site. Elles proposent une carte postale animée de ce type de train qui est en voie de disparition. La réalité est que le transport ferroviaire n’est pas populaire en Corée. Les gens lui préfèrent la voiture, l’autocar ou l’avion. Le train a une image dépassée et ne possède pas l’aura de modernité et de produit écologique qu’il peut avoir en Europe.
L’occasion de faire le point
Ce séjour a été également l’occasion pour moi de prendre un peu de recul sur ma démarche en photographie ferroviaire. En effet, ces derniers mois après l’interruption forcée due aux interdictions liées à la gestion hasardeuse de la crise de la COVID-19, je me suis posé beaucoup de questions. Je me suis demandé si tous ces efforts de recherche d’originalité et de créativité étaient vraiment utiles, mais aussi pourquoi ils restaient assez anonymes, en particulier sur Instagram. Avec le recul (j’écris ce billet plusieurs semaines après mon retour d’Asie), je pense que c’est une étape « normale » de la pratique photographique. Je ferai une publication à part entière à ce sujet, car je pense que c’est intéressant de partager ce genre de réflexion avec d’autres photographes ou créateurs. Cela peut inspirer ou provoquer des réactions et des commentaires qui alimentent l’imaginaire et le cheminement artistique.
Toujours est-il que les images rapportées de Corée illustrent une démarche qui est profondément expérimentale. Je cherche à transmettre des sensations visuelles de l’univers ferroviaire. Certes, je suis toujours heureux de faire de la belle photo « carte postale », mais j’aime aussi produire des travaux qui sont plus organiques, plus vivants. Un des problèmes (entre guillemets) de cette démarche est qu’elle n’est pas populaire. Lorsque la motivation vient à manquer, le fait d’avoir peu de réactions n’incite pas à continuer. La (re) mise en ligne de ce site Internet accompagnée de l’acceptation d’une certaine marginalité de mon approche est une réponse apportée à mes questionnements. Je jette mes pensées sur ces « pages virtuelles » que sont les articles du blogue. Libres sont les personnes touchées de s’approprier (ou non) ce qui les inspire.
Pour conclure sur ce premier billet sur mon voyage de 2022 en Corée, je dirais qu’il me reste encore beaucoup des choses à faire dans ce pays en matière de photo ferroviaire. J’ai des idées de vue en ligne, car certaines relations, notamment dans la partie montagneuse de l’Est, offrent des paysages intéressants. J’ai aussi l’envie d’aller visiter le sud-ouest du pays par le rail, vers la côte de la Mer Jaune et l’intérieur des terres.
J’aime beaucoup les images faites en Corée du Sud. Plus que jamais, j’attends l’ouverture du Japon au tourisme individuel afin d’aller explorer d’autres liaisons régionales (avant leur éventuelle disparition).
Utilisation des clichés de cet article
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