Initialement prévue pour 2020, ma première visite au Japon s’est finalement déroulée en septembre 2023. Cette exploration tant attendue s’est révélée multiple, offrant un dépaysement total par rapport aux ambiances ferroviaires (Europe ou Amérique du Nord) que j’avais l’habitude de photographier. Avant de partir, je me suis demandé plusieurs choses, comme à chaque occasion où je découvre un autre pays. Est-ce que cette région allait me plaire ? Quid de la nourriture ? Du rythme effréné de Tokyo ? Est-ce que l’afflux de touristes allait me permettre d’apprécier pleinement le Japon, sa culture et ses chemins de fer ?
Par ailleurs, une partie du voyage allait se dérouler en voiture. J’allais devoir me familiariser avec de nouvelles règles de conduite, mais aussi aux habitudes des Japonais derrière un volant !
En ce qui concerne la photographie ferroviaire, j’avais soigneusement préparé ma venue : les différents types de matériels, les caractéristiques des lignes ainsi que d’éventuels coins photo. Mais est-ce que j’allais trouver des thèmes intéressants à photographier ? Et si mon itinéraire à Hokkaido mettait l’accent sur la découverte des lignes ferroviaires rurales, je ne voyageais pas seul et je devais composer avec des visites éloignées des voies ferrées.
En résumé, j’avais beaucoup d’incertitudes. Elles étaient renforcées par le stress post-traumatique de notre dernier séjour en Californie où nous avions été victimes d’un vol dès notre arrivée. En toute franchise, mon départ vers le Pays du Soleil Levant n’était pas empreint de sérénité.
Tokyo : l’intimité du rail
Chaleur écrasante,
Tours et voies entrelacées,
Ferveur au cœur de la cité.
Les conditions pour explorer la capitale du Japon n’étaient guère idéales : des nuits à 27 °C et des journées dont la température dépassait les 35 degrés ! Autant dire que se déplacer et chercher des coins photo était une véritable épreuve. Ce qui m’a marqué, c’est la manière dont les voies ferrées tissent une trame étroite avec la ville. Lorsqu’elles sont en surface, elles se mêlent intimement aux bâtiments, ce qui donne des compositions uniques (à condition d’avoir découvert un point de vue original).
Le flot de passagers est colossal. Tokyo abrite de nombreuses gares les plus fréquentées au monde. Shinjuku, la première d’entre elles, voit défiler plus d’un milliard de voyageurs chaque année ! Vivre l’heure de pointe dans l’un de ces immenses terminaux est une expérience à part entière. Les gens y deviennent des automates, bousculent quiconque se trouve sur leur chemin. Malheureusement, je n’ai pas réussi à saisir photographiquement ces moments intenses.
Mon séjour de quelques jours à Tokyo m’a donné l’occasion de découvrir les célèbres trains à grande vitesse, les Shinkansen. J’attendais avec impatience de capturer ces rames au design original, parfois futuriste. Une réalité s’est vite imposée : les arrivées et les départs se succèdent sans relâche, produisant une atmosphère semblable à celle d’une gare de banlieue en heure de pointe. Malgré les destinations lointaines, l’essence même du « voyage » si typique des terminaux européens ne m’est pas apparue. J’ai également rencontré des difficultés pour faire des images intéressantes. Mon objectif était d’explorer le thème de l’abstraction (j’ai publié une série similaire sur les TGV français dans mon blogue). Le temps limité passé à la gare de Tokyo ne m’a pas autorisé à donner libre cours à ma créativité. Ce genre de projet doit se travailler dans la longueur. Je compte partager mes premiers résultats dans un article spécifique.
Ce séjour à Tokyo m’a permis de vivre l’engouement des Japonais pour leur chemin de fer, une passion que j’ai également observée lors de ma visite à Hokkaido. Que ce soit une mère qui emmène son enfant « voir et dire bonjour » aux trains ou simplement des voyageurs, hommes et femmes, qui prennent des photos avec leurs téléphones ou leurs tablettes, l’attachement est palpable. Le moment le plus marquant de cette effervescence a été le départ du Sunrise Express, dernier train de nuit régulier du Japon. Des dizaines de personnes se sont relayées pour tirer le portrait de cette rame à deux étages avant qu’elle démarre. Pratiquer la photographie ferroviaire ne vous catégorise pas dans le groupe des individus « étranges » au Japon ! Un instant, j’ai ressenti un sentiment d’appartenance peu éprouvé ailleurs lors de mes séances photo.
Hokkaido : un joyau qui se mérite
Joyau de l’Est sauvage,
Chemin ferroviaire solitaire,
Hokkaido m’appelle.
Hokkaido est une perle rare découverte avant mon départ grâce à plusieurs photographes de talent, passionnés des chemins de fer ou non. Contrairement à la vision traditionnelle que l’on a du Japon, la grande île du Nord révèle des paysages d’une beauté sauvage, empreints d’une certaine solitude. C’est une région où les trains sont peu fréquentés et où la quantité des circulations se compte parfois sur les doigts d’une main. Chaque année, le réseau ferroviaire rétrécit et plusieurs sections sont sérieusement menacées.
Mon objectif était d’explorer les secteurs Nord et Est, attiré par la promesse de jolis décors, même si le nombre de convois était très faible. Malheureusement, une météo capricieuse a contrarié mes plans, avec des pluies persistantes et des éclaircies très rares, contrairement aux semaines éclatantes qui avaient précédé mon arrivée. J’ai tenté de « limiter les dégâts » en pratiquant la photographie de nuit dans les gares, en profitant du fait que le Soleil se couchait vers 17 h 30.
Malgré une certaine déception au premier abord, je suis content des quelques images que j’ai pu ramener (vous pourrez en juger par vous-même au fil des articles de ce blogue !). Cette expérience a renforcé mon désir de retourner à Hokkaido, en hiver, lorsque l’île est enveloppée d’un épais manteau de neige, offrant une tout autre vision de ce joyau du Nord.
Une aventure singulière
Ce voyage au Japon a été au-delà de mes attentes initiales. Il m’a offert une immersion profonde dans l’univers particulier des chemins de fer japonais, tout en me confrontant à des défis qui ont mis à l’épreuve ma motivation. De la frénésie trépidante des gares de Tokyo à la tranquillité sauvage des lignes rurales de Hokkaido, chaque instant a été empreint d’une émotion unique. Je suis actuellement en train d’écrire plusieurs articles qui aborderont divers thèmes.
Avant de vous laisser découvrir quelques images de ce périple, je tiens à vous remercier pour votre soutien constant. J’ai apprécié vos encouragements sur les réseaux sociaux (Instagram et Facebook) lors des moments difficiles du voyage.
Utilisation des clichés de cet article
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2 Responses
Les photos de landes désolées en bord de mer sur Hokkaido sont sublimes … je suis fan des vues associant train et mer donc c’est top ! Bravo
Merci beaucoup pour ton commentaire Laurent ! Pas facile parfois de trouver le cadrage idéal pour mettre en scène la mer et le train, mais quand c’est réussi c’est vraiment sympa !